Naomi Parau-Cuneo: la permaculture, un style de vie

Pour célébrer la journée internationale des Femmes, le 8 mars 2018, l’Association UFFO (Union des Femmes Francophones d’Océanie) a décidé de mettre en lumière huit femmes polynésiennes qui se distinguent dans différents domaines d’activités. L’association a notamment distingué Nathalie, Naomi PARAU-CUNEO, membre du SPG pour sa contribution dans le domaine « Promotion de la bonne santé et développement durable ». Voici le portrait réalisé par l’UFFO.

Nathalie appelée aussi Naomi est une femme au parcours étonnant : mère de neuf enfants, elle leur a fait la classe à la maison, puis elle a repris des études à 47 ans, alors que son parcours scolaire s’était arrêté à 17 ans sans diplôme. Encouragée par ses enfants, elle a passé son bac, réussi une licence de français puis un master de lettres. Un temps elle enseigne le français avant de bifurquer complètement vers la permaculture et un autre style de vie, une autre façon de concevoir la vie.Elle dit simplement que « ses études lui ont été utiles pour apprendre à utiliser l’ordinateur, à mieux rédiger – car elle aime écrire – et suivre sur le net les cours de permaculture car tout était en anglais ».

La permaculture entre écologie et tradition

La permaculture est un système de création basé sur trois principes éthiques: prendre soin des hommes, prendre soin de la terre et partager équitablement les ressources. Elle puise ses pratiques dans les savoir-faire traditionnels et modernes. C’est un système qui rend la terre indéfiniment fertile et prend en considération la biodiversité des écosystèmes. C’est aussi un système qui transforme les difficultés en opportunités et les déchets en ressources. « La permaculture s’applique à toutes les surfaces aussi bien à 2m2 qu’à 35 000km2 ». Dans sa ferme permacole de Tipapa, à Arue, la famille de Naomi vit des produits des 500m2 cultivés, partage les surplus et en transforme une grande partie. Pour Naomi, la permaculture appliquée à son habitat et à sa vie vient du vécu de son enfance à Rurutu près de son grand-père. Il était autonome et pratiquait un système qui n’avait alors pas de nom, mais en réalité dit-elle « notre vie familiale vivait de la permaculture. C’est le souvenir de cette vie qui m’a poussée à faire de même». Ses ancêtres se préoccupaient des autres et elle a été imprégnée de cela.

Une femme de convictions

Sa foi chrétienne lui a servi de force et de moteur. Beaucoup de personnes ont impacté sa vie parmi lesquelles, Mère Thérésa, Joyce Meyer et Pouvanaa aussi pour son combat…et beaucoup d’autres femmes encore. Naomi se préoccupe de la jeune génération et face aux multinationales et à l’alimentation industrielle, sa réponse positive contre la mauvaise santé et la pauvreté est la permaculture qui consiste à travailler en partenariat avec la nature. La Polynésie est un pays plein de ressources mais très mal exploité. « La solution est entre nos mains ». Si la vie est faite de difficultés, « chaque difficulté trouve une solution et te conduit vers le progrès ». Autrefois, notre jardin était notre garde-manger alors qu’aujourd’hui beaucoup de terres sont abandonnées, des jardins ne sont pas cultivés. Pourtant « aussi petit que soit ton jardin tu peux produire à manger », c’est juste une question de bon sens et d’aménagement. Être femme a pu constituer un obstacle, car des personnes pensent que certaines activités ne sont pas faites pour les femmes : « On a bien porté des enfants pourtant ? »

Naomi rêve de voir toute la Polynésie en système de permaculture pour être son propre grenier car elle a tous les atouts pour cela. « Nos parents savaient suivre les saisons, planter en fonction du temps, comme les signes du ciel pour les navigateurs, nos ancêtres étaient des érudits, ils connaissaient la nature, c’est à cela que nous devons revenir : apprendre à connaître la nature, pour en tirer profit et l’utiliser  avec reconnaissance et respect».

Son adage : « être concerné par l’autre pour lui apporter du bien »

Avec Naomi, nous avons découvert une perle rare dans son jardin.