Le BIO et ses acteurs

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L’agriculture biologique en Polynésie française est née à partir des années 80, de quelques personnes convaincues et très déterminées.

Elle s’est bâtie sur le socle des réalisations de ces pionniers, dont certains sont aujourd’hui disparus.

C’est à la fin des années 80, que le courant associatif environnementaliste s’est structuré à ‘l’initiative du ministre de l’environnement du gouvernement.

Ont émergé des association qui ont entamé le long processus d’information des pouvoir publics que la nécessité de promouvoir une alimentation plus saine et une agriculture conforme aux exigences des normes de l’époque en matière de techniques culturales sans intrants chimiques.

C’est ainsi qu’une première alerte est lancée après des analyses inquiétantes sur les taux de pesticides contenus dans les concombres et tomates cultivés localement…

Quelques années plus tard en 2002, une ONG, l’association BioFenua, nouvel acteur associatif de l’émergence du « bio » en Polynésie F., est créée par le regroupement de personnalités investies avec de fortes convictions autour du bagage acquis par ces associations de protection de l’environnement des années 80 et de producteurs actifs, responsables ou conscients depuis plusieurs dizaines d’années. On notera notamment parmi ces personnalités, Dexter CAVE, ingénieur en agroalimentaire ayant fait sa carrière au SDR. Il aura permis un formidable soutien à la démarche, du fait de sa personnalité fédératrice et de la grande estime qu’il inspirait à tout son entourage professionnel. Gilles Parzy est élu président-fondateur de cette ONG, Dexter Cave en sera un des infatigables animateurs. Sur le terrain de l’agriculture biologique, l »association BioFenua a toujours cherché à privilégier l’action concrète, à l’action politique.

La Chambre de Commerce contactée y trouve un intérêt économique de premier plan et va axer une part de sa stratégie de valorisation de l’économie locale sur la qualité des produits locaux notamment transformés et exportables. Ensembles, la CCI et la toute nouvelle ONG, ont alors organisé la promotion de cette filière par de nombreux temps forts autour de cette forme de valorisation des produits locaux. Des opérations médiatisées ont rejoint le terrain de la production « bio » locale en proposant systématiquement des dégustations publiques du potentiel offert. Divers industriels impliqués dans la Chambre ont bien compris l’intérêt de cette stratégie de qualité et soutenu activement la démarche.

En Mars 2005 à la suite d’élections, le nouveau gouvernement se met en place et fait le choix de recruter un l’ingénieur agronome Dexter Cave, spécialisé dans l’agro-alimentaire, au ministère de la santé et de la sécurité alimentaire. Il jettera les bases d’un projet d’implication concertée de tous les ministères concernés par l’alimentation et la production locale de qualité. Il sera l’artisan sous l’égide du gouvernement de l’époque d’une première modification de la liste des produits de première nécessité re-orientée vers des produits sains et de production locale….

Durant plusieurs années l’ONG « Biofenua », la CCISM et des partenaires motivés, vont cheminer ensemble et porter le projet de l’officialisation de la filière « agro-bio ».

En Mars 2008, l’ONG BioFenua est invitée par le Secrétariat de la Communauté du Pacifique pour une série de travaux qui aboutissent à la création de la Norme Océanienne d’Agriculture Biologique .

Juillet 2008, création du syndicat « te hotu ora » (THO) : C’est encore autour de Dexter Cave et du président de biofenua que sera créé le premier syndicat polynésiens regroupant les professionnels impliqués dans les traitements naturels, balayant largement le secteur du petit agriculteur utilisant des méthodes naturelles, jusqu’au préparateurs de cosmétiques bio, et autres agro-transformateurs de compléments alimentaires à vertu médicinale… C’est au sein de ce syndicat qu’apparaissent pour la première fois des agriculteurs, comptant parmi les gros producteurs de la PF, qui prennent le risque de s’investir dans la filière de l’agriculture biologique. Kalani Teixeira agriculteur maraîcher en sera fondateur, avant de devenir le président de la fédération des syndicats d’agriculteurs de la PF.

En aout 2008, est signée la première convention liant le monde l’agriculture biologique « Te hotu ora » avec le premier institut de recherche du Pays l’ILM ».

Parallèlement, la planète entière faisait sa petite révolution en matière de reconnaissance et de techniques de pointe en agronomie biologique. Du côté du Canada ou de l’Asie, etc, plusieurs chercheurs se sont évertués à promouvoir des méthodes simples et accessibles à partir de leurs découvertes de pointes (microorganismes effectifs, enzymes, rôle des acides aminées, des mycorhizes, des hormones végétales, structuration de sol avec des amendements appropriés et abordables, etc). L’association « Biofenua », le nouveau syndicat « Te hotu Ora » et quelques personnalités du monde agricole deviennent porteurs institutionnels auprès des pouvoirs publics de la Pf et de la région, pour le projet « agriculture biologique »

Courant 2009, à l’invitation d’une communauté religieuse locale très active sur le terrain de la production « bio », un chercheur venu d’Asie a nettement contribué à sensibiliser les agriculteurs du Fenua, notamment par la préconisation de méthodes certes empiriques mais pragmatiques et simples d’utilisation. Ainsi, le Maire de la commune de Taputapuatea, sensibilisé entreprend des réalisations sur sa commune telles que : plate-forme de compostage, pépinière, installation de jeunes agriculteurs, etc. Au cours de la même période, certain gros producteurs s’intéresse à la filière, à l’instar d’un maraicher de Taravao (Kalani Teixeira), déjà aguerri aux méthodes les plus à la pointe en agriculture biologique, assure de son côté la promotion du « bio » dans le monde des gros producteurs locaux. Il apporte ainsi un concept qui manquait aux techniques venues d’Asie, celui de la protection du sol, soit par ce que les Canadiens appellent le BRF (Bois Raméal Fragmenté, un type de paillis issu de l’élagage), soit par des plantes classées à la fois comme couvertures de sol et comme engrais verts…

Juillet 2009, avec le représentant de la Nouvelle-Calédonie au POET Com Mr Clément GANDET, BioFenua dépose auprès de l’autorité compétente un formulaire type pour un projet sur le FED 10, ceci en partenariat avec Bio-Calédonia et la Chambre d’Agriculture de NC. La PF était en effet Chef de file du DOCUP régional du FED 10. le projet est relié au développement régional de l’agriculture biologique. Pendant le séjour d’un consultant de NC mandaté pour la coordination régionale du FED, la CAPL s’affiche déterminée dans le sens du projet d’agriculture biologique déposé. Les fiches ont pu ainsi tenir largement compte du dépôt commun de BioFenua et Bio- Calédonia qui tourne essentiellement autour du soutien à la création de fermes pilotes bio. Mr Clément GANDET est depuis Mai, nommé pour l’exécution du FED, par le gouvernement de NC : Pilote de l’élaboration de la stratégie des projets d’agriculture. (stratégie conjointe avec la CPS, Secrétariat de la Communauté du Pacifique)

En 2009, arrive à la tête de la CCISM un nouveau président, lui-même principal importateur d’intrants, ceci expliquant cela, l’ONG BioFenua est alors écarté de ce terrain d’expression et de promotion de la filière « bio » qu’est la CCISM.

L’association se lance alors dans une démarche visant à la reconnaissance officielle de l’agriculture biologique, les institutions de la Polynésie f. vont désormais lui emboiter le pas. L’initiative sera profitable en s’appuyant au départ principalement sur des Représentants très motivés au sein de l’Assemblée de Polynésie française, puis en concertation avec l’exécutif du Pays. Un gros travail d’équipe, incluant ces Représentants, commençait à permettre que cette réglementation devienne pertinente, il intègre en particulier la reconnaissance du Système Participatif de Garantie (SPG).

Courant 2010, le Ministre de l’Agriculture M. Frédéric RIVETA, reprend ce travail et permet son aboutissement par une loi du pays.

Dans la même année, le nouveau logo bio se positionne à l’initiative du gouvernement et de son ministère de l’agriculture. Il s’agit d’un élément fort de la communication sur le Bio. Le concours qui lui a précédé et sa présentation à la foire agricole 2010 auront un impact réel sur la validation de la Loi du Pays à l’assemblée.

Fin 2010, la Loi du Pays finalisée par le ministère de l’agriculture (Frédéric Riveta) qui règlemente l’agriculture biologique au Fenua est prête.

Le Pays s’investit dans l’amélioration de l’éventail d’intrants, compatible avec l’agriculture biologique et améliorant les techniques culturales en agriculture raisonnée : produits à base de Neem, de Chitosan, d’algues ou des pièges à phéromones…

Les autorités vont se pencher au cours de cette période sur les carences en analyses de pesticide qui vont largement contribuer à l’orientation Bio des consommateurs et des élus. Il va investir dans un équipement sophistiqué permettant le dosage des produits toxiques et pesticides en particulier, dans l’alimentation et la production agricole locale en particulier.

On pourra citer le travail méritoire en essais agronomiques du département recherche agronomique du SDR, sur le chou notamment, qui permettra de définir un itinéraire de traitement bio applicable. Apparait de même en importation et commercialisation sous l’impulsion des autorités :

  • le principe du lombricompost par l’autorisation d’importation de vers de terre composteurs,
  • des déchets de poissons, etc… dont l’appel d’offre qui a résulté des nombreuses réunions sur le sujet.

On pourrait aussi évoquer le projet de valorisation des déchets issus de l’abattage des animaux, les essais

de lâcher d’auxiliaires, les essais de traitement avec des organismes microbiologiques (bactéries, champignons entomopathogènes) autorisés par le Pays.

Ces actions de recherches et développement permettront en particulier à une société productrice de légumes de la place de mettre en place une serre en 2011 selon les modes de production biologique. Celle-ci a pour projet de définir de nombreux itinéraires techniques en maraichage bio sous serre et pourra être un outil utile au développement futur de la filière.

En janvier 2011, La Loi du Pays sur l’agriculture biologique est votée à l’APF et promulguée tout début 2011 (LP 2011-1 du 10/01/2011).

Ne constituant qu’une étape de reconnaissance, cette avancée réglementaire majeure, devait permettre de stimuler fortement les autres composantes essentielles permettant de développer cette forme d’agriculture durable dont la formation, l’accessibilité des intrants appropriés et la structuration de groupes …

Fin 2010, la CAB, Commission pour l’Agriculture Biologique est créée sous l’impulsion du ministère de l’agriculture, elle entame ses travaux début 2011. Une « cellule bio » est créée au sein du SDR.

La stratégie de la CAB devra tourner notamment autour de la réglementation et du contrôle puisque des moyens humains sont mis en œuvre par le nouveau ministre de l’agriculture en faveur du développement de l’agriculture biologique comme composante essentielle de l’agriculture globale du Pays, très imprégnée d’un objectif de souveraineté alimentaire, de productivité adaptée, durable et de régionalisme.

Début 2012, la création du premier SPG (groupement de producteur et de consommateur) qui a pour objet d’auto certifier les petites exploitations bio risque d’augmenter fortement le nombre d’exploitations dans la démarche agriculture biologique

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En 2017, la Polynésie française comptait 273 producteurs bio certifiés (Bioagricert ou Biofetia), nombre qui ne cesse d’augmenter. Leurs productions s’étalent sur 1 576 hectares dont 91,5 % de cocoteraie ; 2,41 % de productions vivrières et 5,34 % de productions fruitières et maraîchères.

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